Introspection - Les autres, Le Rêve & Moi

Il y a plus d'un an j'ai perdu ma meilleure amie. Cette perte n'émanait pas d'un accident, d'une âme qui quitte la terre ferme quand le corps s'efface dans les profondeurs... Non cette perte est le résultat d'une rupture d'amitié. Une amitié qui a duré 4 ans et que mon comportement d'insociable, de malade des relations a détruit, du moins en partie ( car toute relation est composée d'un minimum de deux personnes). 

Si les mois qui ont suivi cette rupture m'ont vu changer littéralement de visage, mes longs cheveux sombres coupés courts et décolorés... Mes réflexions sur moi même et un sérieux travail d'introspection ont débuté. Et des cendres que j'étais il y a quatorze mois, je me suis élevée, l'esprit plus clair et ouvert. 

Depuis que je suis enfant, je porte sur mes épaules le regard des autres. Adaptant mon comportement pour plaire, devenant une autre (J'apprendrais par Jung le terme de 'Persona') que je ne suis pas. Une attitude devenue si naturelle, que la réalité et l'authenticité de mon être en ont disparu.
J'ai mis du temps à me faire mon propre avis sur les choses, que soit dans les domaines artistiques ou sur des sujets simples du quotidien. Les mots qui sortaient de ma bouche, je les piochais dans les souvenirs des paroles d'autres que moi.
Je dirais aujourd'hui que cela venait d'un manque de confiance en moi, d'une irrévocable peur d'être délaissée, la peur de l'erreur, d'une terrible envie d'être 'cool'.
Si ce manque, ces peurs et cette envie se sont envolés au gré de cours de théâtre, de rencontres amicales, et d'experiences de vie, elles sont revenues en moindre intensité lors de mon arrivée à Paris. Ville dont les rues sont jonchées de regards arrogants, snobs, jugeant mots, faits et gestes. Et où de nouveau la volonté de faire ses preuves et de rayonner parmi une foule d'inconnus, d'étrangers émergent.

Toute ma vie j'ai évolué dans un rêve construit sur une vérité qui m'a toujours semblé absolue, que l'autre juge, l'autre me regarde, m'épie. Et puis après observations, réflexions et lectures j'ai ouvert mon regard pour découvrir que l'autre est moi, l'autre est humain, l'autre est imparfait, l'autre a ses complexes, ses peurs et ses manques.
J'ai donc modulé peu à peu ce que les toltèques appellent le Rêve, cette vision du monde inhérente à moi même. Carl Jung et ses études sur les types de personnalité m'éveillant quant à lui, à tous ces profils de pensée différents de moi, m'éveillant aussi à mon propre profil, à ma propre ombre et ma propre lumière.

Ces lectures, cette réflexion sur moi même ne servant qu'un seul et unique but, celui que je recherche profondément et perpétuellement : l'authenticité, la vérité de mon être.

Depuis quelques mois donc mon esprit suit une gymnastique intensive pour retrouver sa pureté originelle.
Le masque tombe petit à petit tandis que le poids sur mes épaules s'allège, mes poumons rythmés plus librement. J'oriente mes milles milliards de pensées vers ma vérité, vivre chaque instant pleinement consciente de qui je suis, connaître mes envies, accepter mes faiblesses et les améliorer à la juste hauteur de mon humanité, me remémorer  et pardonner mes erreurs, effacer cet étau imaginaire dont les autres m'habillent, ... Et tant encore.

Cette quête est sans fin et semée des embuches du société de l'image et du paraître.

Et pour en revenir à cette amitié perdue, car je me suis peut être un peu éloignée du chemin ... je dirais que j'ai cessé de me reprocher toute la faute, que les erreurs venaient des deux parties, que la communication a fini par s'éteindre, l'empathie et la compréhension mutuelle appauvries par le temps et les évènements, ...
J'avais tendance à vouloir tout maitriser, tendre à une perfection que ce soit en ma personne ou en les autres. Je n'acceptais ni mes défauts, ni ceux d'autrui. Paris et la mode m'avaient rendu acerbe, arrogante et snob. Je me suis perdue dans cette ville et je renais maintenant plus légère, apprenant le laché prise, admirant la beauté tâchée de l'âme humaine.